Statistiques | Mineurs en détention
Début mai, Terre des hommes (TdH) relevait le «manque total de traçabilité» des mineurs détenus par la Suisse dans le cadre de mesures d’expulsion. Les chiffres publiés par le Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) concernant le nombre de mineurs en détention ont été revus et divisés par trois après que TdH ait publié un rapport sur la question. Selon le SEM, ce ne sont plus 142 mais 51 mineurs âgés de 15 à 18 ans qui auraient été privés de liberté en 2015.
Une différence de taille que le SEM explique par des erreurs dans l’enregistrement des données par les cantons, notamment liées au calcul de l’âge: soit les personnes sont devenues majeures entre l’enregistrement de leur demande d’asile et la détention; soit elles «se sont déclarées mineures mais s’avèrent majeures», explique son porte-parole. Sur la base de calculs douteux de l’âge osseux? (voir article)
«Que s’est-il passé avec presque 100 jeunes qui disparaissent du système? Ce changement dans les données engendre un manque total de traçabilité de ces mineurs. Cela pose des questions sur l’objectivité et la clarté des statistiques», critique TdH. Qui rappelle que «le manque de données fiables et ventilées en Suisse a déjà été soulevé par le Comité [de l’ONU] des droits de l’enfant comme un obstacle au respect de [leurs] droits.» De fait, si on ne sait combien de mineurs sont détenus, comment s’assurer que leurs droits sont respectés?
Sophie Malka
Note:
[1] 24 Heures, «Les couacs des statistiques sur la détention des migrants mineurs», Caroline Zuercher, 12 mai 2017.
Dans le même numéro, lire les décryptages sur les statistiques du SEM et d’Eurostat