Kobane calling, par Zerocalcare
C’est l’histoire du voyage au Kurdistan, d’abord à la frontière turque, en Irak puis au Rojava (la région autonome kurde de Syrie) de Zerocalcare, bédéiste romain engagé. Grâce à son talent, il nous emmène à la rencontre de cette région, là où on a l’impression d’être « au centre de toutes les contradictions et les conflits du monde globalisé ». «Et toi, tu te sens toujours l’idiot du village»
Avec une grande sincérité et beaucoup d’humour, il relate ses états d’âme, ses interrogations personnelles sur le bien-fondé de sa démarche, ses angoisses. Enfant des années 80, il puise dans ses références personnelles pour décrire ses impressions. Chez lui, le douanier surveillant la frontière irako-syrienne prend des airs du méchant dans Ken le Survivant et l’entrée au Centre culturel kurde de Rome a le même effet que la traversée d’une Stargate.
Mais, conscient que personne n’est plus à même de raconter l’histoire d’une région que les gens qui y vivent, Zerocalcare donne avant tout la parole à celles et ceux qu’il rencontre: des combattantes de l’armée des femmes kurdes, des membres du PKK s’entraînant dans les montagnes, des employé-es d’ONG ou les habitant-es qui l’hébergent. Il retranscrit ainsi de manière simple et compréhensible la complexité d’une guerre si souvent dénaturée par les médias et le discours politique et éclaire les enjeux du combat que les Kurdes mènent pour une société libre et égalitaire.
« Un élément physique sépare l’Irak de la Syrie, à Semalka. Un élément plus concret que toutes les frontières dessinées à la règle dans un bureau. Le Tigre. C’est pas grand-chose, il faut juste le traverser, d’une rive à l’autre. Quand tu descends du bateau, dès que tu poses un pied à terre, tu es en Rojava. Le paysage est le même. C’est le même fleuve, sans rien autour. Il fait toujours 50 degrés. Et pourtant. Quelque chose a changé.»
ÉLISA TURTSCHI