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Notre regard

Afghanistan | Conseils pratiques pour (ré)agir malgré l’impuissance

Les permanences juridiques de Suisse sont saturées de demandes de ressortissant·es afghan·es vivant en Suisse et très inquiet·es pour les membres de leurs famille bloqués au pays. Elles font leur possible pour répondre au plus grand nombre, mais ne peuvent répondre à toutes les requêtes et n’ont que peu de moyens d’action. En effet, à ce stade, la position des autorités suisses est extrêmement fermée quant à une possibilité de faciliter l’accueil des proches des membres de la communauté afghane vivant en Suisse. Les conditions d’octroi d’un visa humanitaire ou d’un regroupement familial sont très restrictives et les démarches ne peuvent être enclenchées que si les personnes en Suisse et à l’étranger répondent au cadre posé. Les bureaux de consultation juridique de la Croix-Rouge Suisse, du Centre Social Protestant Genève et de l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR) ont rédigé des documents visant à expliquer les limites de leurs interventions et à orienter celles et ceux qui cherchent à aider leurs proches encore en Afghanistan. Nous en proposons un résumé.

La position des autorités suisses

Les autorités suisses n’ont pour l’instant pas décidé d’augmenter leur contingent pour les programmes de réinstallations organisés par l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) ou pour faciliter l’obtention de visas humanitaires. Aucune directive fédérale n’a été adoptée pour faciliter l’entrée en Suisse des personnes d’Afghanistan (cf. Accueil humanitaire de personnes d’Afghanistan en Suisse (admin.ch)), mis à part pour ce qui concerne le personnel du bureau de coopération à Kaboul : Le personnel suisse évacué du bureau de coopération de la DDC à Kaboul (admin.ch)). Les cas particuliers devront être examinés individuellement. La Croix-Rouge Suisse et la Coalition des juristes indépendant·es pour le droit d’asile notamment ont demandé à la Suisse d’assouplir ses critères d’accueil.

Personnes encore en Afghanistan

Les bureaux de consultation juridique (BCJ) ne peuvent apporter d’aide concrète sur place ni pour sortir du pays. Les personnes doivent d’abord trouver le moyen de quitter l’Afghanistan avant de pouvoir éventuellement être assistées. Il n’y a pas d’ambassade suisse à Kaboul.

La seule façon de déposer une demande officielle de visa humanitaire est de se rendre personnellement auprès d’une représentation en Iran, au Pakistan, au Tadjikistan ou en Ouzbékistan. Tous les documents attestant des risques et menaces individuels encourus devraient idéalement être emportés ou envoyés si le fait de les avoir sur soi est trop risqué. Il est également important de dire à l’ambassade que l’on est sorti du pays dans le but spécifique de déposer la demande de visa humanitaire.

Les personnes ayant travaillé pour un autre pays ou pour une organisation internationale doivent s’adresser aux autorités du pays concerné ou à l’organisation en question. Retrouvez ici le lien vers la page d’aide du HCR en Afghanistan. En dessous, vous trouverez une page nommée, « Relocation programmes », dedans vous trouverez tous les pays qui proposent des programmes ainsi que toutes les informations sur ceux-ci.

Pour rappel, depuis 2012, il n’est plus possible de déposer une demande d’asile depuis l’étranger (suppression des demandes dites d’ambassade). Pour ce faire, il faut être présent sur le territoire suisse. Cela vaut également pour la plupart des autres pays européens.

Les personnes en Afghanistan (ou leur famille proche) peuvent remplir le formulaire interactif en ligne réalisé par Asylex (en farsi ou anglais). Celui-ci tient compte au mieux des caractéristiques des parcours individuels pour apporter les conseils et les contacts les plus pertinents pour eux à un moment donné.

Que peut faire la famille en Suisse?

Conditions du visa humanitaire

L’organisation spécialisée en Suisse en matière d’assistance à l’obtention d’un visa humanitaire est la Croix-Rouge suisse. Celle-ci rappelle les conditions à remplir pour avoir une chance d’obtenir un visa humanitaire:

  • qu’il existe une relation étroite et forte avec la Suisse
  • et que des menaces sont avérées, actuelles et directes
  • et qu’il existe une possibilité de sortie dans un futur proche

Vous trouverez davantage de détails sur le document dédié de la Croix Rouge Suisse. La liste des documents nécessaires pour faire une demande de permis humanitaire est recensée dans un document rédigé par la Croix Rouge Suisse.

Conditions du regroupement familial

Le droit suisse ne prévoit des regroupements familiaux que pour les membres de la famille dite nucléaire (conjoint·e, enfants mineurs). Les personnes réfugiées peuvent le demander sans délai d’attente. Les personnes admises à titre provisoire (permis F) doivent être au bénéficie de ce statut durant au moins trois ans, ne doivent pas être à l’aide sociale et avoir un logement adéquat avant de pouvoir déposer une telle demande.

Actions politiques en Suisse

Sur le plan juridique, les leviers d’action sont donc très limités. C’est la raison pour laquelle la société civile se mobilise aux côtés de la communauté afghane pour maintenir la pression sur les autorités suisses, jusqu’ici sourde à toute solidarité.

En tant que famille, vous pouvez par exemple adresser une lettre à la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter, cheffe du DFJP, selon le modèle proposé. L’idéal serait d’en transmettre une copie à la Coordination asile.ge pour qu’elle ait une visibilité du nombre de personnes concernées.

Toute personne peut par ailleurs signer la pétition lancée par Amnesty International « Accueillir de toute urgence les Afghan·es en danger » et la pétition « Humanitäre Aufnahme von Schutzsuchenden aus Afghanistan » (Un visa humanitaire pour les personnes afghanes en quête de protection ») .

Des manifestations se préparent également dans toute la Suisse. Exprimer sa solidarité et son soutien à un accueil plus large est à la portée de chacun·e.

L’équipe de Vivre Ensemble