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No Frontex | L’Europe n’est pas une forteresse!

Delphine Klopfenstein Broggini est conseillère nationale genevoise. Elle alimente un blog sur le site du Temps et a publié ce texte le 13 décembre. Elle nous a aimablement donné l’autorisation de le reproduire ci-dessous. Vous pouvez également lire l’article directement sur son blog. Vous trouverez plus d’informations sur le référendum sur le site du comité référendaire.

L’Europe n’est pas une forteresse!

Aux portes de l’Europe se joue une tragédie et la Suisse est co-autrice de la pièce. Les réfugié-e-s sont renvoyé-e-s et se voient refuser le droit de demander l’asile : Frontex, en collaboration avec les polices nationales de frontières, fait barrage.

Frontex est l’agence de garde-frontières et de garde-côtes de l’Union Européenne. Depuis sa création en 2005, son budget n’a cessé de croître, passant de 6 millions à 1,2 milliards à l’horizon 2027. Ses opérations de rapatriements et d’expulsions de réfugié·es sont au cœur de nombreux scandales. Frontex est visée par l’Office européen de lutte antifraude, OLAF, d’accusations de refoulements illégaux de migrant·es en mer Egée. Frontex est dénoncée par un nouveau rapport de l’ONG Corporate Europe Observatory de défendre les intérêts de l’industrie des armes et de la surveillance plutôt que les droits humains. Frontex est poursuivie pour violation des droits humains, par deux demandeurs d’asile qui ont été violemment expulsés alors qu’ils cherchaient à être protégés par l’Union Européenne.

La Suisse porte une responsabilité directe. D’abord parce qu’elle est membre de l’espace Schengen. Ensuite parce qu’elle apporte un large soutien financier à l’agence Frontex. Le Conseil national a approuvé dernièrement un budget annuel de 61 millions de francs jusqu’en 2027, soit 5% du budget total de Frontex. Cette décision est aujourd’hui combattue par un référendum. La Suisse d’habitude peu généreuse dans tout ce qui a trait aux institutions européennes n’hésite pas – dans le cas présent – à mettre la main au portefeuille quand il s’agit de fermer les frontières de notre continent.

Si la liberté de circulation de nombreuses personnes en Europe a été garantie par les Accords de Schengen, la mise en place aujourd’hui d’un régime inhumain aux portes de l’Europe est inacceptable L’Europe n’est pas une forteresse ! Cette évolution Schengen entrave la protection des droits humains tandis que Frontex devient un géant hors contrôle et obscur aux frontières de l’Europe.

L’Europe a cru bon de considérer qu’un mur pour protéger ses frontières ne pouvait être que la seule et unique bonne réponse à la crise humanitaire. Le bilan de cette politique inhumaine désastreuse fait régulièrement la Une des médias. Et à l’intérieur de cet espace sensé être totalement hermétique, les Accords de Dublin et leurs bien connues défaillances structurelles s’appliquent et continuent de porter atteinte à la santé des personnes. Les migrant·es qui voyaient dans l’Europe une réponse à leur détresse, comme un modèle des droits humains et démocratie, doivent bien déchanter! En arrivant en Europe, ils se trouvent face à des violations inacceptables de leurs droits fondamentaux.

La Suisse a un rôle à jouer. Elle a le pouvoir d’être exemplaire et de donner un message fort à l’Union européenne et à son programme Frontex. Elle doit accompagner une migration sûre et humaine au lieu de l’empêcher par la violence. En signant le référendum contre le financement de l‘agence de garde-frontières Frontex, nous apporterons une pierre à l’édifice et un signal de solidarité. Le suivant sera de sortir de Frontex. Arrêtons de cautionner la ruine du droit d’asile !