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Notre regard

Bonnes Nouvelles : Le graal obtenu après une course d’obstacles!

Sophie Malka

Le parcours de Renata Cabrales en Suisse illustre à quel point les « statuts » et en particulier la dénomination de « déboutée » sont trompeurs.

Elle a fini par obtenir un statut de réfugiée avec la reconnaissance pleine et entière de ses motifs d’asile en octobre 2021. Un véritable sésame obtenu de haute lutte de la part de son représentant juridique. Il aura fallu près d’un an et demi de procédure à cette journaliste colombienne pour que la Suisse lui octroie une protection ainsi qu’à son fils. Les autorités (SEM et TAF) l’ont à deux reprises déboutée de sa demande, malgré son engagement politique et malgré son appartenance à une profession notoirement menacée dans son pays d’origine.

Miko Guziuk, unsplash.com

Renata Cabrales avait du reste détaillé dans nos colonnes les dangers pesant particulièrement sur les femmes impliquées dans la vie politique ou la défense des droits humains. Dangers attestés dans le dernier rapport de mission de l’ONU sur la Colombie. De nombreux assassinats restent impunis, et Bogota n’apporte dans les faits aucune protection contre ces violences, a fortiori pour les personnes venant de régions délaissées par l’État colombien (voir notre dossier sur la Colombie et l’analyse sur la pratique suisse dans notre édition VE 182 / avril 2021).

Le parcours de Renata Cabrales en Suisse illustre avec force à quel point les « statuts » et en particulier la dénomination de « déboutée » sont trompeurs, car ne reflétant pas le besoin de protection. Ils témoignent aussi de la violence du système. Durant tout ce temps, elle a craint un renvoi vers un pays dans lequel elle savait pertinemment que sa vie était menacée. Elle a aussi subi une pression énorme pour partir « volontairement » : les autorités l’ont même, ce printemps, assignée à résidence.

Son long séjour au Centre fédéral de Boudry, en pleine pandémie, avait également été décrit dans nos colonnes [1]VE 181 / avril 2021. Elle y témoignait de l’insécurité ambiante, mais surtout du traitement qui lui avait été réservé à un moment où elle a été suspectée d’avoir contracté le Covid-19. Isolée et séparée de son fils, oubliée dans la distribution des repas… Espérons que son nouveau statut lui permettra d’oublier cette période difficile !

Notes