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Notre regard

Parlement des réfugiés | «En démocratie, chacun·e devrait avoir son mot à dire»

Louise Wehrli

Le 6 juin 2021, 75 réfugié·es venus de 19 cantons différents se sont réunis à Berne pour le premier Parlement des réfugié·es. En sont ressorties 28 revendications (ci-dessous). Rahim, jeune homme très actif qui était encore débouté au moment de la rédaction de l’article, est présent.

«C’est une idée à l’origine d’un petit groupe dont je faisais partie. On a beaucoup discuté et réalisé que les autorités se réfèrent toujours à la loi pour dire qu’elles ne peuvent pas nous aider. On devait donc se tourner vers le Parlement pour faire changer les lois. Ses membres n’ont pas de contact avec des personnes réfugiées et ne comprennent pas comment nous vivons. On a décidé d’aller à la rencontre des parlementaires pour témoigner de notre réalité et leur dire qu’on a besoin de lois qui nous aident et pas qui rendent nos vies plus difficiles. Le Parlement des réfugié·es a alors vu le jour».

Lors du workshop du Parlement des réfugiés, octobre 2021

Le NCBI (National Coalition Building Institute) coordonne le projet avec le soutien de plusieurs organisations. En amont de la session, 10 commissions se créent et débattent de questions autour de l’admission provisoire, de l’accès à la formation ou aux soins. Le jour J, elles présentent le fruit de leurs discussions.

«Des membres du Parlement étaient là et nous ont écouté. Nous avons pu échanger ensemble et partager nos attentes. En sont ressorties 28 revendications . Il y a par exemple celle de pouvoir bénéficier de cours de langue jusqu’au niveau B2 au minimum, car A2 ce n’est pas suffisant. Je pense que le soutien à la formation, indépendamment de son statut de séjour, est un investissement nécessaire ».

Concernant les personnes déboutées de l’asile, plusieurs revendications émergent: le remplacement de l’aide d’urgence par une aide sociale, l’octroi d’une autorisation de travail temporaire, la possibilité de suivre une formation, des séjours pour les familles limités à un mois dans les hébergements d’urgence ainsi que la possibilité de faire recours au niveau cantonal en cas de préavis négatif à une demande de cas de rigueur.

Nous réfugié·es appartenons à la société indépendamment de notre statut de séjour.

Rahim

« C’était une très bonne expérience pour moi. J’ai appris comment la politique fonctionne, comment les lois sont créées et modifiées et ce qui relève du niveau communal, cantonal ou fédéral. On a réfléchi ensemble à comment on peut amplifier nos voix. En démocratie, chacun·e devrait avoir son mot à dire. Nous réfugié·es appartenons à la société indépendamment de notre statut de séjour. Nous pouvons aussi parler. C’était un énorme travail d’organisation, mais on a décidé que ça ne s’arrêterait pas là, car les lois ne se changent pas aussi vite en Suisse. On va poursuivre pour espérer obtenir des améliorations. En octobre dernier, une rencontre a eu lieu avec plusieurs workshops. J’en ai animé un sur le travail de lobbying au Parlement et sur la relation aux médias ».

En attendant une 2e session du Parlement prévue le 8 mai 2022, des motions découlant des revendications ont été déposées au Parlement fédéral ou vont l’être. Des projets de parlements des réfugié·es cantonaux sont aussi en discussion, car bien des questions sont de compétence cantonale.