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Documentation

Exposition | Naturalisation : la « fabrique des Suisse·sse·s » décortiquée

Une exposition originale apporte un regard réflexif sur le processus de naturalisation en Suisse. Elle est issue d’une recherche en sciences sociales menée par Anne Kristol et Janine Dahinden de l’université de Neuchâtel. Basée sur des terrains ethnographiques dans le canton de Fribourg, cette exposition mêle témoignages, analyse et photographies grâce également à la participation de Francesco Ragusa, photographe. A voir à Bulle jusqu’au 22 janvier 2023.Nous reproduisons ci-dessous le communiqué de presse de l’exposition. Retrouvez également les différents contenus répertoriés sur la page du projet de l’Université de Neuchâtel. Le catalogue de l’exposition est publié en open access. Plus d’informations sur le site du Musée gruérien.

Comment juge-t-on l’aptitude à devenir suisse au 21e siècle ? Développée conjointement par le Musée gruérien et l’Université de Neuchâtel, l’exposition Naturalisation interroge les notions de citoyenneté, d’appartenance et de nationalité. Pour ce faire, elle s’est basée sur une étude menée par le Laboratoire d’études des processus sociaux (LAPS) et du Pôle de recherche national nccr-on the move sur la procédure de naturalisation en Suisse. Sa scénographie immersive, émaillée de documents ethnographiques et photographiques, est une invitation au dialogue autour des questions de la naturalisation et «de l’identité suisse».

La naturalisation et l’identité nationale sont des sujets sensibles en Suisse. « L’identité suisse est souvent réduite à une vision stéréotypée qui ne correspond pas à la diversité actuelle des titulaires de papiers suisses, dont 43% ont des origines liées à la migration » observent Anne Kristol, doctorante FNS/NCCR et commissaire de l’exposition, et Janine Dahinden, professeure en études transnationales. Par ailleurs, la procédure de naturalisation et les critères d’évaluation sont souvent évoqués de manière simplificatrice. Le rôle des personnes en charge de la procédure est aussi souvent assimilé à la caricature des « Faiseurs de Suisses », la comédie alémanique sortie en 1978.

Qui décide des critères selon lesquels on peut devenir suisse ? Pourquoi la politique de naturalisation suisse est-elle restrictive en comparaison internationale ? Afin d’interroger les notions de citoyenneté, d’appartenance et de nationalité, l’exposition s’est basée sur les résultats de l’étude Le genre comme marqueur de différence en matière de migration, de citoyenneté et d’appartenance, dirigée par la professeure Janine Dahinden au sein du LAPS et du Pôle de recherche national nccr-on the move.

Illustration de l’exposition par Francesco Ragusa

En référence à cette étude, Anne Kristol a enquêté sur le processus de naturalisation en Gruyère en s’intéressant particulièrement aux personnes impliquées dans les procédures de naturalisation. La chercheuse en sciences sociales a récolté les témoignages de membres de commissions communales de naturalisation à Bulle, Gruyères, Haut-Intyamon et Pont-en-Ogoz. Le photographe Francesco Ragusa, lui-même naturalisé, a photographié ces interlocutrices et interlocuteurs et les lieux où la procédure est mise en œuvre. À l’aide de ces images et de documents audio, l’exposition restitue cet environnement. Elle permet ainsi aux visiteuses et aux visiteurs d’une part de se mettre à la place des candidat-e-s au travers de jeux de rôle, d’autre part d’entrevoir les réflexions des citoyennes et citoyens qui, de par leur fonction ou leur emploi, doivent mener ces procédures en application de la loi.

L’exposition est accompagnée d’une publication, mêlant à la fois réflexions scientifiques et éléments artistiques, qui permet de prolonger et d’approfondir la réflexion autour de la thématique ainsi qu’un programme de médiation qui propose aux élèves de se mettre dans la peau d’un-e migrant-e en vivant la procédure dans son entier. À ceci, s’ajoute encore un riche programme d’activités parallèles pensées pour différents publics : visites thématiques, table ronde, visites-jeu et événements à l’intention des instances décisionnelles en matière de naturalisation.

Visant à créer un dialogue sociétal sur ce qu’est « être suisse » aujourd’hui, le projet a reçu le soutien du Fonds national suisse de la recherche (FNS), via les subsides Agora.