L’UDC, ou la propagande nauséabonde
Les bouchons, le dérèglement climatique, la hausse des primes maladie, des loyers: tout serait dû à l’immigration et en particulier à l’asile? C’est ce qu’assène à tout va l’UDC dans cette campagne aux élections fédérales 2023. Les concepteurs de son fameux tout-ménage ont dû s’éclater en le rédigeant: les ficelles sont tellement grosses qu’on se demande qui y croit… Surtout, c’est le même discours -et les mêmes mensonges- ressassés encore et encore depuis des dizaines d’années. Ces fausses infos, on les a déjà déconstruites dans nos rubriques préjugés et statistiques.
Nous vous invitons d’ailleurs à lire et partager nos décryptages sur vos réseaux sociaux, auprès de vos ami·es. Nous avons moins d’argent, mais espérons pouvoir compter sur le bouche-à-oreilles.
Deux exemples de désinformation du tout-ménage
- Des locataires suisses mis à la rue pour loger des requérants d’asile, selon Céline Amaudruz (p. 6). Cet élément, mentionné dans le chapeau, n’est pas développé dans le reste du texte. Et pour cause, il est faux et était le fruit de basses manœuvres du parti, comme nous l’avions montré dans un décryptage : Locataires viré·es pour loger des requérant·es? FAUX!
- Des personnes admises à titre provisoire « qui devraient quitter la Suisse » (p. 3 et 6, notamment). L’UDC considère à tort que les personnes admises à titre provisoire (permis F) n’ont pas besoin de protection et devraient être expulsées. Or ce statut s’applique majoritairement aux personnes fuyant des situations de guerre, de violences généralisées (Afghanistan, Irak, Somalie, Syrie) et lorsqu’un renvoi violerait les obligations internationales de la Suisse. Le terme de protection subsidiaire en vigueur au sein de l’Union européenne est plus adapté et reflète mieux la réalité de leur besoin de protection. Voir notre plateforme pour plus d’informations sur l’admission provisoire.
Parce qu’il faut bien en rire…
- Cet été, l’UDC s’en est pris aux météorologues de SRF, qui auraient été trop alarmistes dans leurs bulletins météos, et auraient exagéré les prévisions. La canicule, c’était un complot… C’est vrai que l’UDC préfère se fier à ses propres organes d’information. Il compte quelques millionnaires dans ses rangs pour les financer… Et rêverait de contrôler l’information, ne se privant pas d’attaquer les médias publics via la redevance.
- Des élu·es UDC interchangeables… En allemand ou en français, la plupart des textes de l' »édition spéciale » (le gratuit) de l’UDC sont les mêmes. Ils ont juste changé la photo et la signature du candidat, pour cibler le public romand ou alémanique. Histoire d’inspirer confiance dans les individus qui se présentent?
Une proximité avec des groupes néonazis qui fait peur…
La Sonntagsblick a révélé qu’une candidate UDC au Conseil national, Maria Wegelin, avait mandaté deux membres du groupuscule Junge Tat pour s’occuper de sa campagne. Un groupuscule qui affiche clairement son idéologie. Soi-disant qu’elle n’avait jamais entendu parler d’eux avant de leur donner le mandat…
Le journal dominical révèle aussi les accointances des jeunes UDC (notamment le président thurgovien) avec ce groupe, dont certains membres sont poursuivis pénalement et dont les méthodes inquiètent Europol (Sonntagsblick). Plusieurs partis cantonaux de l’UDC se sont « apparentés » avec des mouvements sulfureux comme Mass-Voll, dont l’une de ses figures Nicolas Rimaldi, également candidat au national, qui s’est lui aussi affiché à des manifestations d’extrême-droite en Allemagne.
Qu’en dit la direction de l’UDC? « Le SonntagsBlick a contacté à plusieurs reprises le président du parti Marco Chiesa (48 ans) pour en savoir plus. Il n’a jamais répondu. En revanche, Chiesa a posé il y a une semaine au Palais fédéral avec des militantes du collectif féminin d’extrême droite Nemesis. Le groupe a récemment défilé avec Junge Tat à Berne. » Sonntagsblick, 1.10.23
Dans l’éditorial du journal de l’UDC, Mario Chiesa dit « qu’il se fait du souci pour notre Suisse ». Mais de qui faut-il avoir peur? La démonstration à Bellinzone de ce fameux groupe Junge Tat devrait amener les partis qui ont associé leur nom à l’UDC par calcul électoral à questionner le poids de ces alliances. Et leur responsabilité.
Sophie Malka Collaboration Elodie Feijoo
Pour aller plus loin:
- Blick, Junge Tat n’est pas un cas isolé «L’UDC crée des boucs émissaires comme l’extrême droite», estime l’historien Damir Skenderovic, 4 octobre 2023.
- Le Temps, « L’extrême droite en démonstration au Tessin », 3 octobre 2023
- Watson, L’UDC menacée d’une plainte contre le racisme, 8 septembre 2023