FFE | « Façonne ton avenir » : le bilan est très positif
Dans son journal Flash (édition de décembre 2024), la Fédération Fribourgeoise des Entrepreneurs (FFE) revient sur le projet « Façonne ton avenir ». Un projet réalisé avec l’État de Fribourg et l’OSEO Fribourg, qui a permis de former des dizaines de personnes réfugiées aux métiers de la construction. En novembre dernier, les participants ont reçu leur diplôme. L’occasion de revenir sur cette aventure, professionnelle et humaine, dont les maîtres mots ont été « win-win-win », « volonté » et « collaboration ». Un article à lire aux pages 6 et 7 du Flash, que nous reproduisons également ci-dessous.
Cliquez ici pour accéder au Flash de la Fédération Fribourgeoise des Entrepreneurs (numéro 71, décembre 2024)
« Façonne ton avenir » : le bilan est très positif
Reproduction de l’article, publié aux pages 6 et 7 du Flash de la Fédération Fribourgeoise des Entrepreneurs, n°71, décembre 2024
Le 20 novembre dernier, les participants au programme « Façonne ton avenir » se sont vu remettre leur certificat. lls étaient entourés de représentants de la FFEFVB, de l’État de Fribourg et de l’OSEO. Dans la salle étaient aussi présents des formateurs, job coach et des journalistes. L’occasion de les féliciter pour leur parcours et de tirer le bilan de ce programme « pilote ».
Engager des personnes issues de l’asile, c’est win-win-win
Le projet « Façonne ton avenir » a été ébauché par un hasard de rencontres et construit sur la base d’un feeling entre trois personnes qui partageaient (et partagent toujours) un objectif commun : répondre à la pénurie de maind’œuvre dans le bâtiment, en intégrant dans le métier des personnes issues de l’asile. « Il est clair que ce n’est pas seulement avec les personnes issues de l’asile et de la migration qu’on va répondre à cette problématique, mais on peut déjà résoudre une partie de l’équation, a énoncé, en préambule de la cérémonie de remise des certificats, David Valterio, Directeur de la Fédération Fribourgeoise des Entrepreneurs (FFE-FBV). Et à ce dernier de soulever un point souvent mal connu : « la législation permet à ces personnes de travailler. Je me suis donc dit qu’il fallait y aller, qu’il fallait faire quelque chose ».
Et ce « quelque chose » prendra forme au fil d’une discussion avec Etienne Guerry, coordinateur des tâches d’intégration pour l’asile auprès de l’État de Fribourg, puis d’une rencontre avec Joël Gavin de l’OSEO Fribourg. Ensemble, le trio va donner forme à « Façonne ton avenir », un programme « win-win-win », selon les termes de M. Gavin. « C’est gagnant pour les entreprises qui peuvent recruter du personnel, pour l’État dans sa mission d’intégration et pour les personnes réfugiées, qui peuvent obtenir une pleine autonomie, à la fois sociale, économique et financière. » a souligné le Directeur de l’association, active dans l’intégration sociale et professionnelle.
Un programme en plusieurs temps
Concrètement, « Façonne ton avenir » s’est déroulé en plusieurs phases. Il y a tout d’abord eu une séance d’information, début 2024, à laquelle vingt-six personnes issues de l’asile ont participé. « Des personnes venues de leur propre chef et intéressées par les métiers de la construction », précise David Valterio. Elles seront vingt à s’inscrire, puis quatorze réaliseront un stage « découverte » de deux jours. Puis, treize vont poursuivre avec une formation pratique de dix-huit jours, couplée avec des cours de connaissances transversales. « Au terme de cette étape, on voit si les candidats sont faits ou non pour ce travail. Sur les treize, douze vont rester dans le programme.
Sur ces douze, au terme du programme, deux ont obtenu une place d’apprentissage et sept ont reçu des propositions d’engagement. Des démarches sont en cours pour trouver une solution pour deux participants et pour une personne, on n’a pas trouvé de solution », a commenté le directeur de la FFE-FBV.

Se frotter aux réalités du métier, et continuer
Pour Khalili Sayed Aref, participant au programme, « cette étape m’a permis d’acquérir des compétences très importantes pour me préparer à mon apprentissage […], m’a aussi donné confiance en mes capacités et m’a montré l’importance du travail dans la construction ». C’est motivé à continuer sur cette voie, que Khalili a obtenu une place d’apprentissage auprès de Wirbauen. De son côté, Aman Jamal a lui réalisé son rêve : « C’était mon rêve, depuis 5-6 ans, de rentrer dans cette maison, où je suis aujourd’hui. Je suis très content de faire ce travail. C’est incroyable. Et merci beaucoup ». Aman Jamal a, quant à lui, trouvé une place de travail auprès du Groupe ARSA temporaire pour 2024, puis fixe pour 2025.
Les deux stagiaires intégrés au sein de l’entreprise JPF ont quant à eux eu une expérience « contrastée », comme a pu en témoigner Robert Bussard, directeur des ressources humaines au sein de JPF. « L’un a quitté l’entreprise en cours de stage et le second souhaite s’orienter vers sa passion première : le coaching sportif, explique-t-il, avant de poursuivre : nous sommes toutefois fermement convaincus de l’intérêt d’une telle initiative. L’insertion et la formation professionnelle ne se limitent pas à une démarche économique. Elles sont des leviers essentiels pour l’émancipation, la dignité et la valorisation personnelle. »
Un succès construit autour de trois piliers
Ce qui a fait la force du programme est aussi son articulation autour de trois piliers. Le premier est les cours de culture générale et de la langue, donnés par l’OSEO. Le second est la formation technique de base, liée aux métiers du bâtiment, que les candidats ont pu suivre et qui a été assurée par l’un des formateurs de la FFE-FBV, Monsieur Olivier Gumy.
Pour Julien Morandi, membre de la Direction de Wirbauen, qui a intégré trois stagiaires dans le cadre du programme, le souligne : « l’avantage avec ce type d’initiative, c’est que les personnes avaient déjà suivi une formation de base : au niveau de la sécurité, de la connaissance générale des matériaux, etc. De notre côté, on avait donc la partie facile. On a eu des personnes très motivées et enthousiastes, qui se sont en plus très vite intégrées à l’équipe. »
Et le troisième pilier ? C’est un ferraillage fait en dentelles, qui allie déconstruction des idées reçues, aventure humaine, collaboration étroite, volonté et synergies. Pour David Valterio, qui résume l’avis général : « le bilan est très positif, car on a eu la chance d’avoir des entreprises associées à la démarche. On a beau avoir le plus beau des projets, si les entreprises ne suivent pas, ça ne marche pas. Grâce à elles, on a trouvé une place de stage tout de suite pour les jeunes. »
Il a aussi fallu aller au-delà des idées reçues, et oser la collaboration. Pour Robert Bussard, « associer les acteurs de l’insertion et de l’intégration pour pallier la pénurie de main-d’œuvre n’est pas une démarche instinctive. Pourtant, cette synergie s’avère être une solution prometteuse, ouvrant des perspectives durables et innovantes. Nous sommes convaincus que chaque individu, quelle que soit sa situation, possède un potentiel unique. Et lorsque des acteurs s’unissent pour travailler dans une même direction, ils peuvent déployer une force collective capable de générer des solutions à fort impact. »
Des synergies nouvelles, improbables il y a une quinzaine d’années selon Etienne Guerry. « On peut constater l’ampleur des changements accomplis pour l’intégration des réfugiés, analyse-t-il. Il y a quinze ans, un tel projet aurait été difficilement envisageable. Le public et les entreprises manquaient de connaissances. Et notre dispositif d’intégration n’avait pas atteint une maturité suffisante. Aujourd’hui, des programmes comme « Façonne ton avenir » sont non seulement possibles, mais exemplaires. « Un sondage a été envoyé aux entreprises afin de savoir ce qui pourrait être amélioré », explique David Valterio. « C’est important de tirer les leçons de cette année pour faire encore mieux l’année prochaine, car on peut toujours faire mieux », complète en souriant Etienne Guerry, qui l’assure : « il y a aura une deuxième volée en 2025. Et des programmes similaires sont en cours de réflexion dans d’autres secteurs ». De leurs côtés, les entreprises qui ont participé à ce pilote, l’OSEO et la FFE-FBV l’ont annoncé : ils se réjouissent de la prochaine volée. »
Le mot de la fin : « On ne savait pas exactement où ce projet nous mènerait. Mais travailler avec des êtres humains, c’est aussi accepter l’imprévisible. Et c’est sûrement ce qui rend ce projet si riche et passionnant. » Étienne Guerry
Un article de Laurine Jobin, Chargée de projet communication et Réfugié·es & emploi, Association asile.ch, paru dans l’édition de décembre 2024 du Flash, Journal de la Fédération Fribourgeoise des Entrepreneurs.