Interview

Interview | «Les personnes réfugiées sont une relève très intéressante pour nos métiers»

propos recueillis par Laurine Jobin

L’entreprise du bâtiment Berchten SA s’engage à former la jeunesse. Au sein de son équipe, elle compte Yuel Habtezghi. Pour son patron Olivier Berchten, l’expérience parle d’elle-même. Interview.

Yuel Habtezghi a obtenu le titre de meilleur apprenti AFP genevois en 2022. Il travaille chez vous. Pouvez-vous nous raconter votre expérience?

Olivier Berchten Yuel a commencé chez nous en 2020, avant ses 18 ans. Il vient d’Érythrée et possède un permis F. Mais surtout, comme vous le dites, il détient le titre de meilleur apprenti AFP genevois! Il a débuté par un stage d’observation. C’est alors que mes collaborateurs m’ont dit: Lui, il ne faut pas le lâcher, c’est un tout bon et un très motivé. À l’issue du stage, on lui a donc proposé de suivre la formation AFP, puis il a continué avec un CFC de peintre, qu’il a brillamment obtenu en 2024. Il aime vraiment son métier: il s’est inscrit aux Championnats romands de peinture, qui auront lieu en février 2025 à Fribourg.

Avez-vous rencontré des obstacles?

Je ne parlerais pas d’obstacles. On remarque que ces jeunes sont souvent plus motivés que les jeunes «d’ici». Yuel a quitté son pays jeune, a traversé plusieurs pays avant d’arriver en Suisse. Les jeunes issus de l’asile remarquent sans doute la chance qu’ils ont d’avoir un travail. Vous savez, quand j’ai des problèmes avec des apprentis d’ici, je les mets une semaine avec Yuel. Ça remet l’église au milieu du village. Ils sont assidus au niveau des horaires, polis et gentils. Dans 80-90 % des cas, on a eu une super expérience. Et bien souvent, ils sont plus «suisses» que les Suisses.

Et du côté de la langue?

Yuel a très vite appris le français et suivi des cours d’appui. Il le parle aussi bien que vous et moi. C’est sans doute dû à sa force de caractère. La langue n’a donc jamais été un obstacle.

Une expérience à renouveler donc?

Oui, bien sûr. Dernièrement, un jeune Syrien est venu en stage d’observation. Prometteur. Nous tenons à former la jeunesse, qu’elle ait vécu, ou non, un parcours compliqué. Les personnes réfugiées sont une relève très intéressante pour nos métiers. Ces personnes sont là, en Suisse, prêtes à travailler.