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Documentation

SOS Méditerranée | Tirs des gardes-côtes libyens contre l’Ocean Viking

Une attaque sans précédent contre des travailleurs humanitaires et des personnes rescapée

Dimanche 24 août, le navire de recherche et de sauvetage MV Ocean Viking affrété par SOS MEDITERRANEE en partenariat avec la Fédération Internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge (FICR) a été délibérément pris pour cible par les garde-côtes libyens, dénonce SOS Méditerranée dans un communiqué de presse. S’il n’y a pas de blessés, « toutes les personnes à bord ont craint pour leur vie. Le navire et les équipements essentiels de sauvetage ont subi d’importants dégâts » relève l’organisation.

Update – 28.08.25 – L’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe alarmée par la sécurité en Mer Méditerranée

L’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe appelle les Etats européens à reconsidérer leur coopération avec les autorités libyennes -y compris leur financement, leur formation et la fourniture d’équipements- après l’attaque par les gardes-côtes libyens du bateau de sauvetage dans les eaux internationales. Plusieurs résolutions récentes ont appelé à favoriser les opérations de sauvetage, plutôt qu’à les entraver voire à les criminaliser:

  • L’Assemblée parlementaire, dans sa Résolution 2613 (2025), a appelé les États membres à renforcer la coopération entre les autorités publiques, les collectivités locales et la société civile qui soutiennent les personnes réfugiées et demandeuses d’asile, et à lever les obstacles juridiques et administratifs à l’action humanitaire.
  • Par ailleurs, dans sa Résolution 2612 (2025), l’Assemblée a appelé les États membres à rétablir des opérations européennes de recherche et de sauvetage à grande échelle, en créant un corps européen de recherche et de sauvetage en mer, doté pour seul mandat de sauver des vies en mer dans le plein respect du droit international en matière de droits humains.

Dans un communiqué, la rapporteure sur Les défis et les besoins des acteurs publics et privés impliqués dans la gestion des migrations s’est dite alarmée : «Cet incident grave, survenu dans les eaux internationales de la Méditerranée, devrait mettre en évidence la nécessité, pour les États, de respecter le droit maritime et le droit international humanitaire. Cela commence par la mise en œuvre pleine et entière des accords internationaux existants, en particulier la Convention européenne des droits de l’homme et la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer».

Lien vers le communiqué

Le Communiqué de presse du 25 août 2025 de SOS Méditerranée est à consulter directement sur leur site ou à lire ci-dessous.

Vidéo SOS Méditerranée

Geneva, le 25 août 2025 – Hier après-midi, à 15h03 heure locale, l’Ocean Viking,navire de recherche et de sauvetage affrété par SOS MEDITERRANEE en partenariat avec la Fédération Internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), a été délibérément pris pour cible par les garde-côtes libyens. Bien que personne n’ait été blessé, toutes les personnes à bord ont craint pour leur vie. Le navire et les équipements essentiels de sauvetage ont subi d’importants dégâts. 

Au moment de l’attaque, l’Ocean Viking se trouvait dans les eaux internationales, à environ 40 milles marins au nord des côtes libyennes. 87 personnes, secourues lors de deux sauvetages menés dans la nuit du samedi 23 août et le dimanche 24 août au matin, étaient à bord, et notre navire était activement engagé dans la recherche d’une autre embarcation en détresse : il avait, pour ce faire, été autorisé par le Centre de coordination italien à interrompre sa route vers le port qui lui avait été assigné pour le débarquement des personnes rescapées. 

Alors que l’Ocean Viking était en pleine recherche, il a été approché par un navire des garde-côtes libyens, un patrouilleur de classe Corrubia, qui nous a ordonné – de manière illégale – de quitter la zone et de mettre le cap vers le nord. L’instruction nous a d’abord été transmise en anglais, puis en arabe avec la traduction de notre médiateur culturel à bord, qui a ensuite informé les garde-côtes que l’Ocean Viking quittait la zone.

Cependant, sans aucun avertissement ni ultimatum, deux hommes à bord du patrouilleur ont ouvert le feu sur notre navire humanitaire, nous soumettant à des tirs incessants pendant au moins vingt minutes.

Au moment de l’attaque, le MV Ocean Viking se trouvait dans les eaux internationales, à environ 40 milles marins au nord des côtes libyennes. 87 personnes secourues entre la nuit du samedi 23 août et le matin du dimanche 24 août étaient à bord, et notre navire était activement engagé dans les recherches d’un autre cas de détresse : il avait précédemment été autorisé par le Centre de coordination italien à interrompre sa route vers le port de débarquement qui lui avait été assigné plus tôt à cet effet.

Alors en pleines recherches, le MV Ocean Viking a été approché par un navire des garde-côtes libyens, un patrouilleur de classe Corrubia, qui nous a illégalement ordonné de quitter la zone et de mettre le cap vers le nord. L’instruction nous a d’abord été transmise en anglais, puis en arabe avec la traduction de notre médiateur culturel à bord, qui a ensuite informé les garde-côtes que l’Ocean Viking quittait la zone.

Le patrouilleur a encerclé le MV Ocean Viking, visant délibérément les membres d’équipage sur le pont, la partie du navire où se trouvent les postes de navigation et de pilotage. L’attaque a causé des impacts de balles à hauteur de tête, la destruction de plusieurs antennes, quatre fenêtres brisées sur le pont et plusieurs balles ont touché et endommagé les trois bateaux de sauvetage rapides (RHIBs), ainsi que d’autres équipements de sauvetage.

Les équipes de SOS MEDITERRANEE et de la FICR ont heureusement pu mettre en sécurité les 87 personnes rescapées avant de se réfugier à leur tour à l’intérieur du navire. Personne n’a été blessé.

Après l’incident, le MV Ocean Viking a émis un appel de détresse (mayday relay) et alerté l’OTAN, sollicitant protection et assistance. Notre navire a été renvoyé vers l’unité de l’OTAN la plus proche – un navire de la marine italienne. Cependant, la Marine italienne n’a jamais répondu au téléphone.

Cet incident n’est pas seulement un acte scandaleux et inacceptable. Les méthodes, les circonstances et la dynamique démontrent clairement une attaque délibérée et ciblée contre notre équipage mais aussi contre nos capacités de sauvetage.

Ce n’est pas un acte isolé : la Garde-côtière libyenne a un long passé de comportements irresponsables qui mettent en danger des vies humaines en mer, violent de façon flagrante les droits humains et témoignent d’un mépris total pour le droit maritime international.

Pourtant, les États européens, avec l’Italie en première ligne, continuent de soutenir, d’équiper et de former la Garde-côtière libyenne. Le patrouilleur utilisé par la Garde-côtière libyenne lors de l’incident avait été offert par l’Italie en 2023 dans le cadre du programme européen « Support to Integrated Border and Migration Management in Libya » (SIBMMIL). En juillet 2023, le MV Ocean Viking avait déjà été confronté à un épisode violent lorsqu’un patrouilleur similaire avait tiré à proximité de nos canots de sauvetage (RHIBs) lors d’un sauvetage. Malgré nos demandes publiques, aucune enquête n’avait été ouverte.

« Nous exigeons une enquête complète sur les événements d’hier après-midi et que les responsables de ces attaques mettant nos vies en danger soient traduits en justice », déclare Elliot GUY, Directeur Général de SOS MEDITERRANEE.

« Nous exigeons également la fin immédiate de toute collaboration européenne avec la Libye. Un acteur qui émet des revendications illégales en eaux internationales, entrave délibérément les opérations de sauvetage de personnes en danger de mort et cible des travailleurs humanitaires désarmés ainsi que des rescapés, ne peut être considéré comme une autorité compétente. Nous ne pouvons pas accepter qu’une garde-côtière reconnue internationalement commette des assauts illégaux. Par ailleurs, nous appelons à mettre fin à la criminalisation du sauvetage, qui ne fait que créer un terrain favorable à ces attaques d’une brutalité inouïe », conclut Elliot GUY.

Notre navire fait désormais route vers le nord. Le capitaine de l’Ocean Viking a pris la décision, en vertu de son autorité, de mettre le cap sur Syracuse, son port d’attache, afin de débarquer les 87 rescapés et d’effectuer les réparations critiques nécessaires. Les autorités italiennes viennent de confirmer cette destination.

Images SOS Méditerranée