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Emploi

8- Il·elle a droit à une aide de l’État. Pourquoi veut-il·elle travailler ?

Selon une idée reçue bien ancrée, véhiculée par certains partis politiques, les personnes relevant de l’asile viendraient uniquement pour profiter du système d’aide sociale suisse, seraient oisives et ne chercheraient par conséquent pas à travailler. Une conception qui ne prend pas en compte les raisons humanitaires qui ont poussé les personnes en situation d’exil à fuir leur pays. Or, en plus d’être trompeuse sur les raisons de la fuite et celles pour lesquelles les personnes se trouvent en Suisse, cette idée préconçue est battue en brèche par les faits et les témoignages des personnes concernées: la plupart des personnes ne rêvent souvent que d’une chose: travailler. Une motivation que les préjugés d’oisiveté et de profit viennent masquer, poussant sans doute certain·es employeurs·euses à ne pas envisager ces candidatures. Résultat: une réelle discrimination à l’embauche. 

Illustration d’Ambroise Héritier

Un non-accès à l’emploi qui contraint les personnes à rester à l’aide sociale, alimentant encore ce préjugé d’ «oisiveté». Une aide sociale qui, pour les personnes en procédure d’asile ou titulaires d’une admission provisoire est inférieure aux montant d’aide sociale minimale réservée aux personnes résidentes suisses, et titulaires d’un permis C ou B (en savoir plus en cliquant sur la page «Profit?»).

Or, les raisons pour lesquelles les personnes concernées quittent leur pays sont sécuritaires et l’obtention d’un permis F, B réfugié·es ou S l’atteste. Certaines avaient un métier ou débuté une formation. Elles souhaitent avant tout reprendre le cours d’une vie normale: débuter ou reprendre une formation, la profession qu’elles occupaient, s’engager pour la société d’accueil. Travailler représente pour elles également une perspective d’autonomie financière qui est pour beaucoup la clé d’une stabilisation de leur séjour, d’une liberté de voyager, ou de revoir leur famille. C’est donc un enjeu majeur, souvent méconnu, que nous proposons d’explorer ici.

Quelles sont les motivations les plus souvent citées par les personnes issues de l’asile cherchant un emploi?

  • Se sentir utile à la société
  • Améliorer son statut et avoir plus de droits
  • Être financièrement autonome
  • Pouvoir voyager hors de Suisse
  • Pouvoir mettre en sécurité ses enfants

Toutes !

De nombreuses personnes font part de leur souhait de travailler pour se sentir utiles, agrandir leur réseau social, parfaire leurs connaissances de la langue, retrouver des repères et contribuer à la société qui leur a accordé une protection. L’indépendance financière est aussi une condition à l’amélioration de leur situation en Suisse : stabilisation du statut de séjour, sortie de l’aide sociale, possibilité de faire venir son/sa conjoint·e et ses enfants, choix du logement ou encore possibilité de voyager hors de Suisse. Les chiffres en attestent : bien qu’elles doivent postuler deux fois plus que les Suisse-sses pour obtenir un emploi, 43,1 % des personnes avec permis F et 40,3 % de celles avec permis B réfugié·es étaient actives en 2024 (Source : Secrétariat d’État aux migrations, statistiques de l’asile, décembre 2024).

«On entend que les personnes issues de l’asile sont oisives. C’est un slogan politique. La plupart veulent travailler et s’intégrer. Et elles ont des compétences. Nous devons leur proposer un travail, pour les faire sortir de l’aide sociale et leur permettre d’être actives au sein de notre société et économie.»

Guy Gaudard, fondateur de Gaudard Énergies (Retrouvez son témoignage et celui de Eti Seyed Ehtes-ham Addin Forouzanmehr)

Des motivations sous-estimées, car méconnues!