6.3 Pas de formation, pas de compétences ?

Il se peut qu’une personne n’ait pas eu la chance d’accéder à l’école ou à une formation ultérieure dans son pays d’origine. Ceci ne fait pourtant pas d’elle une personne sans compétences ni ressources. Bien au contraire. Elle peut faire preuve d’une motivation à toute épreuve ; posséder des expériences pratiques riches dans certains métiers et de précieuses soft skills : autant d’atouts qu’elle pourra mettre à profit et développer si on lui donne sa chance.

Des compétences interpersonnelles précieuses

Pas de formation ne signifie pas « pas de compétences ». Si les connaissances théoriques et techniques s’apprennent, la volonté, l’esprit d’initiative et la grande résilience dont peut faire preuve un·e candidat e sont des compétences humaines qui s’acquièrent uniquement au travers des expériences de vie. L’état d’esprit est aussi important pour constituer une équipe solide que pour engager un·e collaborateur·trice.

Avec le développement de l’intelligence artificielle (IA), les soft skills seront de plus en plus recherchées par les recruteur·euses. « Sous l’effet de la technologisation et de grands changements, comme le New Work, le marché et l’environnement de travail évoluent. Cela implique une grande capacité d’adaptation de la part des employé·es »^[1]Site de la Société suisse des employés de commerce, article « « Les soft skills préservent l’employabilité», publié le 8 avril 2024, … Lire la suite, commente Svenja Albrecht, chargée de projet Formation auprès de la Société suisse des employés de commerce, avant de poursuivre « le facteur humain revient en force. […]  L’importance croissante des soft skills ne signifie toutefois pas que les connaissances professionnelles deviennent insignifiantes. Celles-ci resteront essentielles, mais leur durée de vie sera plus courte, car les connaissances deviennent plus rapidement obsolètes. En même temps, il faut comprendre des processus et des procédures complexes et être capable de voir les problèmes ou les défis dans un contexte plus large » complète la professionnelle.

Relever des défis dans un contexte plus large, c’est sans doute une compétence que l’on retrouve auprès des personnes ayant quitté leur pays pour assurer leur protection. Tout quitter pour reconstruire une vie ailleurs développe des compétences en accéléré. Nombreuses sont les personnes qui, sur leur parcours d’exil, ont dû apprendre plusieurs langues pour se débrouiller, ont effectué différents petits travaux.

Peu importe leur niveau d’étude, toutes les personnes qui ont été contraintes de fuir leur pays pour préserver leur vie ont cumulé des expériences, avant, pendant et après leur parcours d’exil, autant de soft skills utiles aux entreprises suisses.

Plus à ce sujet :

• Soft skills : l’atout négligé de l’expérience migratoire
• « Les soft skills préservent l’employabilité » (enquête de la Société suisse des employés de commerce auprès des jeunes diplômé-e-s)

Causes structurelles

Ce ne sont pas les personnes qui ne sont pas qualifiables. Les raisons d’un manque de qualifications peuvent être le résultat de causes structurelles indépendantes desaptitudes mêmes des individus. Dans le cadre des Objectifs de développement durable (ODD)^[2]« Les Objectifs de développement durable (ODD), également nommés Objectifs mondiaux, ont été adoptés par les Nations Unies en 2015. Ils sont un appel mondial à agir pour éradiquer la … Lire la suite, «l’ODD 4, qui concerne l’égalité d’accès de tous et toutes à une éducation de qualité, affiche un retard particulièrement important, aggravé par la crise de qualité, de pertinence, d’équité et d’inclusion que connaît actuellement l’éducation.»^[3]UNESCO, « Ce qu’il faut savoir sur le financement de l’éducation »,https://www.unesco.org/fr/education-financing/need-know, page visitée 01.09.2025. Sans un investissement satisfaisant dans le système éducatif, les États privent les enfants et les jeunes d’une éducation de qualité et ne leur permettent pas de développer leur plein potentiel. Ce qui ne signifie pas que ces jeunes ne sont pas prêt·es à apprendre.

Une fois en Suisse, et moyennant quelques étapes intermédiaires, toute personne peut s’inscrire dans une formation ou une filière certifiante, afin de gagner le marché du travail avec les mêmes connaissances que les Suisse·esses (voir chapitre 2.2 ci-dessus « Possibilités de se former en Suisse »).

Pour aller plus loin

• Elle n’a pas de certificat de travail, a-t-elle de l’expérience ?