9.2 Ponctualité et horaires: un « mythe suisse » ? 

La ponctualité est souvent présentée comme un marqueur distinctif du travail en Suisse. Mais cet attachement à l’heure exacte n’est pas propre à la Confédération : dans nombre de pays d’origine de réfugié·es, la discipline temporelle est tout aussi forte, parfois même plus contraignante.  

« Ce n’est pas un travail si évident, puisqu’on doit se lever tôt le matin »

…témoigne Stéphane Schneuwly, fromager à la Laiterie-formagerie d’Arconciel dams l’émission de la RTS Mise au point «L’autre pays du fromage». 

M. Schneuwly a engagé Habteab Makele, apprenti fromager érythréen, à qui le réveil matinal et l’humidité ne fait pas peur.

« Pas tout le monde veut travailler le week-end, ça c’est un peu embêtant, et les jours fériés. Même le premier janvier, il faut se lever »

…détaille le fromager avec le sourire, soulignant que la main d’œuvre étrangère , elle, est prête à relever le défis.^[1]Retrouvez l’émission de la RTS diffusée le 23 avril 2023 ici

Aussi, si la Suisse aime se montrer comme un pays « où on travaille dur », c’est aussi le cas ailleurs. Dans de nombreux pays, les personnes ne comptent pas leurs heures. Beaucoup d’employé·es sont habitué·es à des semaines de travail de six jours, commencent au petit matin et finissent tard. Les conditions de travail sont parfois rudes, les retards répétés non tolérés et les exigences élevées. Le travail forcé, notamment des enfants, est une réalité encore bien présente dans certains endroits du monde. La rigueur des horaires n’est donc pas une découverte pour celles et ceux qui arrivent en Suisse. 

« Lors des cours que je donne au sein du secteur Insertion professionnelle, nous parlons de l’importance de la ponctualité dans le monde professionnel, et j’ai souvent entendu des participant·es témoigner à ce sujet. Dans certains pays d’origine, il m’a été rapporté qu’une feuille de présence était disponible à l’entrée du lieu de travail, à signer en arrivant. Quinze minutes après l’heure d’entrer en fonction, la feuille est retirée par le/la responsable, et l’employé·e n’ayant pas encore signé est réputé absent·e, son salaire du jour sera retenu sur sa paie. » 

Anouk Piraud, Formatrice, Secteur Insertion professionnelle de Camarada, Genève