Aller au contenu
Documentation

Desexil | Frontex : mensonge politique, effet boomerang, révolution

Voir plus loin. Voilà ce que propose Marie-Claire Caloz-Tschopp dans un essai qu’elle met à disposition sur son site desexil.com et qui propose de relire des philosophes politiques pour penser l’après votation sur la loi Frontex. « L’écho que rencontre une action de minoritaires courageux suffit à montrer que s’interroger sur Frontex implique, dans la suite de la votation suisse du 15 mai 2022, de reprendre l’initiative sur l’Europe en luttant pour une hospitalité politique constituante pour l’Europe et la planète. » Elle souligne au passage combien le système de démocratie semi-directe est mal connu des populations européennes. La « mise en garde » de la commissaire européenne aux affaires intérieures Ylva Johansson interviewée le 7 mai dans les journaux de Tamedia sur la votation faussement présentée comme un « pour ou contre Schengen » vient une fois de plus le confirmer (voir notre vrai/faux).

Nous publions ci-dessous le résumé de l’essai ainsi que le sommaire et le PDF que vous retrouverez sur le site desexil.com

Frontex. Une société capitaliste du mensonge, l’effet boomerang et la révolution aujourd’hui

Relire Hannah Arendt, Rosa Luxemburg, Cornelius Castoriadis, Nicolas Busch, Laurent Monnier, Rada Ivekovic, Anne Amiel…

Résumé

Cet essai n’est pas réservé à des spécialistes. La réflexion libre et critique, la délibération, la prise de distance, l’imagination concernent tout le monde.

Ce qui est en jeu dans la participation de la Suisse à Frontex et dans les négociations en cours entre la Suisse et l’UE échappe encore à l’imagination, à la conscience politique brouillée par des mensonges. «C’est cher payé, mais Frontex nous protège, nous assure une place dans l’Europe de Schengen», dit-on. « Schengen sécurise les affaires », pense-t-on. « Nous agissons pour vous, faites-nous confiance », déclare-t-on.

Il est possible de rester à la surface des choses, de subir l’utilitarisme brutal et les intérêts à court terme. Le mensonge, la haine, le pillage, la violence à nos risques et périls. L’écho que rencontre une action de minoritaires courageux suffit à montrer que s’interroger sur Frontex implique, dans la suite de la votation suisse du 15 mai 2022, de reprendre l’initiative sur l’Europe en luttant pour une hospitalité politique constituante pour l’Europe et la planète.

À première vue, l’illusion de l’efficacité du tout économique, autoritaire, sécuritaire, la force policière militarisée, la suspension de la loi et des droits aveuglent font douter de l’Etat de droit. La frontière entre le légal et l’illégal s’efface, parle à notre impuissance, nos doutes, nos colères. Ces illusions et la banalisation de la violence tentent d’enterrer la liberté politique, de figer le pouvoir d’agir, de penser.

Nous sommes mis au défi d’ouvrir les yeux et les oreilles. De ne plus dénier le sac-cage, la violence sans limites. De nous réapproprier une autonomie d’agir et de penser. D’entendre, écouter ce que disent autour de nous les travailleur.es, les chômeur.euses, les précaires, les pauvres, les gilets jaunes, dénonçant leurs conditions de vie, les exilé.es en fuite, et les solidaires, condamné.es pour « délit de clandestinité et « délit de solidarité », les femmes, les jeunes luttant pour sauver le climat, etc..

Il est certes important, en votant le 15 mai prochain, de se positionner par rapport à un objectif financier qui cache bien d’autres questions, au sujet de Frontex. Dans l’immédiat, voter c’est ne pas accepter que nos impôts servent à renforcer une Europe capitaliste et sécuritaire.

Voir plus loin, c’est ne plus accepter l’ambiguïté utilitariste, colonne vertébrale du capital, dans nos vies quotidiennes, le travail, la migration, la formation, la santé, etc. C’est refuser de consentir à la domination du chaos, ce qui est appelé «néo-libéralisme», qui en fait, est le capitalisme constitué par l’apartheid (Monnier) de classe, sexiste, raciste.

C’est savoir que des lois, les pratiques autoritaires, sécuritaires une fois instituées, peuvent tomber dans des mains dangereuses !

C’est savoir que l’invention de l’hospitalité politique, à la base de l’asile, du droit d’asile, des droits, sont les piliers de la création démocratique d’une société ouverte. C’est reprendre l’initiative, lutter pour une Autre Europe constituante basée sur l’hospitalité politique, pour la liberté, la vérité, la justice toujours à construire, en exerçant, ce que j’ai appris à nommer en observant la fuite des exilé.e.s et mes colères, la liberté politique de se mouvoir .

En Suisse, le système de démocratie semi-directe, avec les droits de référendum et d’initiative est un acquis d’une longue pratique dans un État fédéral. La plupart des populations européennes et ailleurs sur la planète connaissent mal ces outils. La culture de débat, de la parole n’est pas sans problème, mais la tension entre consensus et conflit, haine et amour de la liberté politique, fermeture et ouverture dans une pratique démocratique, dans un cadre de guerre, constituent l’axe de la dynamique créatrice de la vie politique.

Nous ne sommes pas les moutons d’un célèbre antidémocrate : Platon. Agir, c’est connaître l’histoire. C’est s’appuyer sur un héritage précieux de générations antérieures pour expérimenter la puissance d’agir.

Marie-Claire Caloz-Tschopp, Genève, mai 2022

Sommaire

PREMIERE PARTIE : QUE RECOUVRE L’EXPANSION DE FRONTEX ?

  1. 1.1  Une civilisation de mégamorts (Amati-Sas)
  2. 1.2  L’agence Frontex en expansion : les yeux plus gros que le ventre, pour quoi faire ?
  3. 1.3  La surveillance militarisée, la guerre depuis le ciel, quand les frontières sont diluées par le chaos du capital et la résistance des exilé.e.s en fuite (2015).
  4. 1.4  Une triple tendance du modèle Schengen-Frontex

DEUXIEME PARTIE : RESISTER A L’EXTERMINISME

  1. 2.1  Relire Rosa Luxemburg, Hannah Arendt, Cornelius Castoriadis aujourd’hui
  2. 2.2  Relire Hannah Arendt. Vérité et mensonge en politique
  3. 2.3  Que montre Hannah Arendt sur le mensonge en politique ?
  1. 2.3  A propos de la guerre d’expansion impérialiste planétaire (Rosa Luxem- burg)
  2. 2.4  Que montre Rosa Luxemburg sur l’effet boomerang de l’impérialisme (au XIXe-XXe siècle)iv ?
  3. 2.5  Que montre Rosa Luxemburg sur la « catastrophe » impérialiste comme mode d’existence
  4. 2.6  Que montre Rosa Luxemburg à propos du Kadavergehorsam », (obéis- sance de cadavre) et du courage politique ?
  1. 2.7  Relire Cornelius Castoriadis. La découverte de l’imagination et le germe démocratique
  2. 2.8  Etude de cas. Frontex, l’ambiguïté et le conflit démocratique derrière Frontex

TROISIEME PARTIE : VERTIGE DEMOCRATIQUE

  1. 3.1  Vertige démocratique (Castoriadis, Rancière, Arendt)
  2. 3.2  Castoriadis. Chaos-cosmos autonomie et « germe », risque démocratique antidéterministe
  3. 3.3  La haine de la démocratie (Rancière) et la tragédie des moutons
  4. 3.4  La tragédie ancestrale de la mortalité et la mortalité de masse du capitalisme impérial
  5. 3.5  La tragédie de l’anéantissement « démocratique » de masse
  6. 3.6  Apprendre à vivre sans fondement entre chaos et cosmos
  7. 3.7  L’Europe et la Planète. Le tabou et l’abîme tragique de la force et de la haine. L’hospitalité politique enterrée ?
  8. 3.8  L’Europe constituante et l’hospitalité politique. Continuer à résister. Re- prendre l’initiative

CONCLUSION
Difficile et passionnante démocratie