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Notre regard

Sénégal | Le Sénégal et l’érosion côtière

La côte atlantique du Sénégal connaît une forte érosion. On estime que 65 % de la frange littorale est frappée par ce phénomène aux conséquences très concrètes et diverses pour les populations. On peut citer des pertes de territoire et d’infrastructures, mais aussi une diminution des ressources de subsistance pour certaines populations. L’impact du changement climatique est une réalité dans le pays comme sur le reste du littoral d’Afrique de l’Ouest. La lutte contre ce phénomène, qui doit nécessairement être menée sur le plan régional, se heurte au manque de moyens et de coordination entre les pays touchés.

Données sociodémographiques et géographiques

United Nations, via Wikimedia Commons

Capitale : Dakar
Langues usuelles : français, wolof, sérère, peul, mandingue, soninké, diola
Religions : Islam, Christianisme, Animisme
Climat : le climat au Sénégal est caractérisé par deux saisons : une saison sèche de novembre à juin et une saison des pluies (l’hivernage) de juillet à octobre
Longueur du trait de côte : 718 kilomètres séparés en trois zones. La Grande Côte qui se situe entre Dakar et l’embouchure du fleuve Sénégal, la Petite Côte qui est comprise entre Dakar et le Sine-Saloum et le littoral de la Casamance qui s’étend entre la Gambie et la Guinée-Bissau (WACA, 2022)

Population : 17 millions de personnes (ANSD, 2022)
Population côtière : 7,8 millions de personnes, ce qui correspond à 52 % de la population totale du pays (ANSD, 2022)

Les causes de l’érosion côtière en Afrique de l’Ouest et au Sénégal

L’érosion côtière en Afrique de l’Ouest et au Sénégal trouve son origine à la fois dans des phénomènes naturels et dans l’activité humaine. Deux facteurs qui interagissent et s’accentuent mutuellement. En effet, si la dilatation de l’eau et la fonte des réserves de glace mondiale contribuent à l’élévation des océans et sont des manifestations du réchauffement climatique, l’activité humaine accélère sensiblement le processus érosif. Les constructions de barrages sur les rivières et les fleuves ainsi que les infrastructures portuaires créent un déficit de sédiments normalement charriés dans les deltas et sur les côtes. La pression démographique à laquelle les villes doivent faire face en raison de l’exode rural produit une urbanisation souvent non maîtrisée. Pour subvenir aux besoins de matériaux de construction, des carrières sauvages de sable ont vu le jour le long de la côte ouest-africaine, ce qui fragilise sensiblement le cordon littoral et réduit le potentiel alluvionnaire de la sous-région. Enfin, des changements d’occupation des sols dans les bassins des rivières et des fleuves perturbent le stock sédimentaire côtier. L’érosion côtière se manifeste sur quasiment tout le littoral sénégalais mais reste hétérogène : les degrés de sévérité diffèrent selon les causes de l’érosion et la nature des littoraux. On estime qu’actuellement, 65 % de la côte est touchée par l’avancée de la mer. Au-delà de la destruction d’infrastructures côtières, la perte de territoire représente un véritable enjeu de subsistance pour les populations touchées par le phénomène. Sur le plan agricole, les submersions marines augmentent la salinisation des sols et des nappes phréatiques et impactent négativement les rendements des agriculteurs. Pour les pêcheurs et les populations vivant des produits de la mer, l’avancée de la mer détruit les espaces de mangroves, qui jouent un rôle essentiel pour la reproduction pour plusieurs espèces de poissons et d’oiseaux. Leur disparition participe à la baisse des ressources liées à la pêche.

Image: Loic Bruening

Les moyens de lutte contre l’érosion côtière

Si les moyens techniques et institutionnels existent pour lutter et pour prévenir l’érosion côtière, ceux-ci nécessitent une réponse coordonnée sur le plan régional. Toute intervention visant à ralentir ou à stopper l’avancée de la mer se répercute plus loin sur la côte. Au niveau technique il existe les infrastructures « grises » qui consistent à stabiliser les littoraux (épis d’accrétion, digues, revêtements, brise-lames et remblais) et les infrastructures « vertes » visant à restaurer ou renforcer des milieux côtiers dégradés (reboisement, revitalisation). En Afrique de l’Ouest, deux programmes de gestion des littoraux sont en cours. Le premier, lancé en 2010 par l’ONU et financé par le Fonds mondial pour l’environnement, identifie, analyse et propose des actions intégrées dans la gestion des littoraux au niveau régional. Un objectif que poursuit aussi depuis 2018 la Banque mondiale avec son West Africa Coastal Areas Program, qui appuie le renforcement de la résilience environnementale. Bien qu’encourageantes, ces interventions restent très fragmentées en raison d’un manque de ressources et de coordination, notamment entre les pays côtiers ouest-africains. Au Sénégal, un projet mené entre 2011 et 2015 a permis de constituer un système d’informations géographiques des zones côtières, de dresser un inventaire des cadres juridiques, institutionnels et organisationnels concernés par la gestion intégrée des zones côtières. Financé par l’Union européenne, il a contribué à sensibiliser les principaux acteurs locaux sur les bonnes pratiques en milieu côtier. Plusieurs centaines d’hectares de filao et de mangroves ont été plantés sur toute la côte sénégalaise. Au-delà des mesures institutionnelles, de nombreuses initiatives citoyennes de reboisement sont à saluer. Dans la conservation du littoral, le principal défi pour le Sénégal est de réussir à mettre en œuvre une gestion et une protection intégrée de la côte en incorporant et en coordonnant tous les acteurs impliqués.

Loic Bruening

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