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Notre regard

Incendie du foyer des Tattes. La responsabilité de l’État était engagée

Sophie Malka | asile.ch

Ce jour-là, j’étais dans le foyer. J’y pense encore aujourd’hui. Merci aux avocates et à Solidarité Tattes de n’avoir pas lâché. Vous avez montré que la justice peut être rendue et qu’elle peut donner de la dignité à toutes les personnes. Merci encore.

Le 4 juin 2024, la salle d’audience du Palais de justice était pleine pour entendre le verdict de la Cour d’appel dans l’affaire de l’incendie du foyer des Tattes survenu le 17 novembre 2014. Un jugement reconnaissant enfin la responsabilité de l’État de Genève en la personne du coordinateur de sécurité incendie de l’Hospice général, condamné pour homicide et lésions corporelles par négligence. Celui-ci avait été disculpé par le Tribunal de police en première instance. Les juges d’appel ont confirmé les condamnations de deux agents de sécurité et d’un résident du foyer. 10 ans après le sinistre, les victimes voient donc enfin un début de justice rendue.

150 personnes vivaient dans cet immeuble du foyer d’hébergement des Tattes lorsqu’un feu s’est déclaré dans l’une des chambres. Un système d’alarme non relié à la centrale des pompiers, des portes coupe-feu qui se sont révélées être un piège fatal pour Fikre, un jeune demandeur d’asile mort asphyxié par la fumée, des habitants non formés aux comportements à adopter en cas de sinistre… 40 personnes se sont défenestrées, dont 10 gardent de lourdes séquelles et des handicaps.

Sur les marches du Tribunal, les trois avocates des victimes, Laïla Batou, Sophie Bobillier et Magali Buser, ont insisté sur le rôle déterminant joué par la société civile, en particulier Solidarité Tattes, association née suite à cette tragédie, dans cette procédure sinueuse. Une mobilisation essentielle tant les méandres de la justice auraient poussé à baisser les bras. Viviane Luisier, l’une des chevilles ouvrières de Solidarité Tattes, a rappelé par ailleurs que nombre de victimes du sinistre ne sont plus là pour entendre ce verdict. Et d’appeler le canton et la Confédération à octroyer des permis B à celles résidant encore sur notre territoire et la réparation qui leur est due, ainsi qu’à leurs familles.

La procédure civile pour l’octroi des dédommagements se poursuivra. Les avocates s’attendent néanmoins à un recours de l’État et que l’affaire soit portée au Tribunal fédéral. Quel qu’en soit le résultat, l’audience publique, malgré une acoustique difficile, a au moins permis à certaines des victimes et à leurs amis présents de voir que la justice est aussi là pour défendre les droits des plus faibles.

Capture vidéo à la sortie du Tribunal