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FOCODE | Un retour au Burundi marqué par des pratiques répressives

Depuis plusieurs années, le gouvernement burundais appelle officiellement les réfugié·es à rentrer au pays. Derrière l’image d’une stabilité soi-disant retrouvée se cachent pourtant des pratiques répressives et brutales. Le 20 mars, le Forum pour la Conscience et le Développement (FOCODE) a publié un rapport illustrant les dangers encourus par les Burundais·es contraint·es de rentrer après un refus d’asile. De nombreuses recommandations sont adressées aux pays hôtes, dont la Suisse fait partie, et notamment d’étendre le statut de protection temporaire ou d’asile pour ces personnes. Nous relayons ce document ci-dessous.

Vous pouvez retrouver le rapport directement sur le site du FOCODE.

#Burundi : UN LAISSER PASSER DE RETOUR QUI NE PASSE PAS: Le FOCODE dénonce les représailles contre les Burundais en retour d’exil

Publié ce 24 mars 2025, le rapport du FOCODE lève le voile sur une série d’exactions dont sont victimes des Burundais rapatriés, ciblés dès leur retour au pays. Derrière le discours officiel d’accueil, se cache une politique de répression systématique.

Ils avaient fui la crise politique de 2015, les violences et l’insécurité. En répondant à l’appel du gouvernement burundais les encourageant à revenir, ils espéraient retrouver leur patrie et reprendre une vie normale. Mais pour de nombreux anciens réfugiés burundais, le retour au pays tourne au cauchemar.

Dans un rapport choc intitulé “Un laissez-passer de retour qui ne passe pas”, le FOCODE (Forum pour la Conscience et le Développement) publie un rapport ce 24 mars 2025 qui documente une série de violations graves des droits humains ciblant ces Burundais rentrés d’exil. En 21 pages, l’organisation dresse un tableau sombre : disparitions forcées, détentions arbitraires prolongées, arrestations sans motif légal, voire exécutions extrajudiciaires.

Un climat de terreur entretenu

Selon le FOCODE, ces violations touchent indistinctement des citoyens hutu et tutsi, souvent anciens militants ou sympathisants des partis d’opposition comme le CNL, le MSD ou le FNL, mais aussi des civils sans affiliation politique particulière. Tous ont en commun d’être des rapatriés, soupçonnés par défaut d’être des “opposants potentiels” par le régime burundais.

Dans un contexte d’un espace civique verrouillé et de répression généralisée orchestrée par les services de renseignement, la police, l’armée et la milice Imbonerakure, ces violences sont qualifiées de “politique de représailles systématiques” par le FOCODE.

17 cas emblématiques: une liste non exhaustive

Le rapport présente 17 cas documentés entre 2018 et 2025, répartis en plusieurs catégories :

  • 11 disparitions forcées, dont celles de Jérémie Niyokindi et de Claude Niyonzima.
  • 3 détentions arbitraires prolongées, comme celle d’Yvan Irakoze incarcéré depuis trois ans.
  • 1 exécution extrajudiciaire, celle de Ferdinand Nyandwi, retrouvé mort après une arrestation musclée.

Le FOCODE précise que ces cas ne sont qu’illustratifs et représentent une fraction d’une problématique bien plus étendue sur l’ensemble du territoire burundais.

Un système sous silence

Les victimes sont souvent arrêtées dans des circonstances opaques, emmenées dans des lieux de détention secrets ou hors de tout cadre légal. Le SNR, la police, l’armée et les Imbonerakure sont cités comme principaux auteurs présumés de ces crimes.

Malgré les dénonciations, l’impunité reste la règle. Les autorités burundaises nient l’existence de disparitions forcées et de représailles ciblées, tandis que les familles des victimes, abandonnées à elles-mêmes, craignent pour leur propre sécurité.

Ce rapport du FOCODE s’ajoute à une longue liste d’alertes émises par le FOCODE au quotidien , les organisations de la société civile ainsi que les instances internationales sur le sort des Burundais de retour d’exil. À l’heure où les discours officiels vantent un climat apaisé et une “réconciliation nationale”, les faits, eux, racontent une tout autre histoire : celle d’un retour piégé et de vies sacrifiées sous couvert d’un laissez-passer de retour qui ne passe pas.

Vous pouvez suivre l’intégralité du rapport via ce lien.

#FocodeMagazine | La rédaction

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