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Notre regard

Appel | Les frontières tuent, aussi des enfants. Les nommer par leur nom, pour lutter contre l’oubli et l’indifférence

Pierre Bühler

Comme chaque année depuis 2019, l’action « Les nommer par leur nom » se déroulera lors des journées des réfugié·es les 21 et 22 juin prochains. Si au départ cette manifestation n’avait lieu qu’à Berne, le mouvement a essaimé au fil des ans, et ce sont cette année onze villes suisses et huit villes allemandes qui prendront part à l’action. En Suisse romande, Genève et Neuchâtel y participent, tandis que Lausanne, aussi dans le réseau, commémorera d’une manière un peu différente. Pour la première fois, l’action se fera également en italien, à côté de l’allemand et du français, puisque Poschiavo s’est associée à la démarche. Chaque ville reste libre d’organiser le programme de l’action, en fonction des possibilités qu’offre chaque lieu. 

APPEL : LES ENFANTS SUR LES CHEMINS D’EXIL – Dans le cadre de la journée des réfugié·es 2025, l’action Les nommer par leur noma lancé un appel au Conseil fédéral demandant de respecter enfin la Convention relative aux droits de l’enfant. asile.ch fait partie des premiers signataires, et c’est à ce titre que nous vous invitons à le signer et à le faire signer ici ou en téléchargeant la pétition ci-dessous. 

Source: © Les nommer par leur nom

Portée par les Églises et diverses forces vives de la société civile, «Les nommer par leur nom» a pour objectif de faire mémoire des nombreuses personnes, enfants, adolescent·es, femmes et hommes qui meurent sur les chemins de l’exil vers l’Europe. Nous travaillons avec une «liste des morts» établie et constamment réactualisée depuis 1993 par une ONG néerlandaise qui s’appelle UNITED for Intercultural Action[1]www.unitedagainstrefugeedeaths.eu.Selon cette liste, depuis 1993, plus de 65000 décès ont pu être documentés. Cela ne représente qu’une partie des morts, de nombreuses victimes disparaissant sans qu’on le sache.

Pour chaque personne décédée, nous écrivons une banderole, avec son nom, quand on le connaît (c’est très souvent «N.N.», parce que le nom demeure inconnu), son genre, son âge, son origine et les circonstances de son décès. Comme une sorte de monument aux morts, ces banderoles sont ensuite suspendues et exposées en des lieux centraux des villes, églises, bâtiments publics, etc. Durant le week-end des réfugié·es, la «liste des morts» est lue publiquement, en extraits dans certaines villes et en entier dans d’autres, parfois toute la nuit durant. Le tout culmine dans une célébration, elle aussi conçue de manière variée selon les lieux.

En faisant mémoire, nous protestons aussi contre ces morts qui s’accumulent d’année en année, souvent dans l’anonymat le plus complet. Nous luttons contre l’oubli et l’indifférence face à cette tragédie silencieuse. En rappelant ces personnes décédées, nous mettons en lumière la manière dont l’Europe ferme toujours plus ses frontières, obligeant celles et ceux qui veulent chercher refuge en elle à passer par des chemins de plus en plus dangereux. En prétendant lutter par tous les moyens contre ce qu’on appelle l’immigration irrégulière, elle empêche les personnes en besoin d’un refuge d’accéder au territoire européen, violant ainsi le droit fondamental de déposer une demande d’asile (art. 14 de la Déclaration universelle des droits humains de 1948). Mais comment ces personnes pourraient-elles éviter l’immigration irrégulière, lorsque pratiquement toutes les voies d’accès sécurisées ont été supprimées? Cette situation ne peut qu’engendrer un cercle infernal de la mort, et donc l’action «Les nommer par leur nom» reste plus que jamais d’actualité.

En règle générale, nous associons à cette action de commémoration et de protestation une campagne politique commune aux villes du réseau. Cette année, profitant du retentissement de l’étude publiée par la Commission fédérale des migrations (CFM)[2]Cf. Enfants et adolescents à l’aide d’urgence dans le domaine de l’asile – Enquête systématique sur la situation en Suisse. Le régime d’aide d’urgence et les droits de … Lire la suite sur les enfants et les adolescents dans l’aide d’urgence, nous avons décidé d’attirer l’attention sur les dangers auxquels les enfants sont régulièrement exposés sur les chemins de l’exil. Bien qu’elle ait signé en 1997 la Convention relative aux droits de l’enfant de l’ONU, la Suisse est régulièrement impliquée dans des violations des droits de l’enfant, par des financements ou par des décisions et actions, depuis les frontières extérieures de l’Europe jusque dans les centres d’aide d’urgence en Suisse (p.6)[3]Je signale en passant l’édition no202 / avril 2025 de la revue asile.ch consacrée à la condition des enfants dans le domaine de l’asile, sous le titre : « Demandes … Lire la suite. C’est pourquoi nous avons formulé un appel adressé au Conseil fédéral et aux directrices et directeurs cantonaux des affaires sociales, pour lequel nous récolterons le plus possible de signatures. L’appel pourra être signé manuellement, sur des formulaires, ou électroniquement, sur des sites internet, aussi sur celui d’asile.ch.

Dans les différentes villes, il est possible de participer de manière active à l’action, en écrivant ou en suspendant des banderoles, en lisant des noms ou en récoltant des signatures pour l’appel.

Pour plus d’informations, on pourra consulter le site internet de notre action.

Pierre Bühler


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Notes
Notes
1 www.unitedagainstrefugeedeaths.eu
2 Cf. Enfants et adolescents à l’aide d’urgence dans le domaine de l’asile – Enquête systématique sur la situation en Suisse. Le régime d’aide d’urgence et les droits de l’enfant ; Avis de droit et étude de conformité à la lumière de la Constitution fédérale suisse et de la Convention relative aux droits de l’enfant
3 Je signale en passant l’édition no202 / avril 2025 de la revue asile.ch consacrée à la condition des enfants dans le domaine de l’asile, sous le titre : « Demandes d’asile. 41 % d’enfants : une réalité qui change tout »