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Préjugés

3. Parcours migratoire: l’exemple des Erythréens

3.4. La Méditerranée

Beaucoup d’encre a coulé dans les médias sur les différents naufrages qui ont eu lieu en Méditerranée. Nous ne pouvons ici vous signaler que quelques éléments d’analyse qui nous paraissent particulièrement pertinents pour appréhender la recrudescence des morts en Méditerranée.

Des cartographes ont aussi essayé, par leurs traits, de rendre visible un phénomène qui, en réalité, est difficilement perceptible. On ne peut compter que les cadavres que la mer n’a pas voulu accueillir dans son ventre… Il est donc très difficile de savoir combien de migrants ont péri en mer.

Les chiffres les plus fiables sont collectés minutieusement par l’association « UNITED for intercultural action« . Depuis 1993, UNITED collecte des informations d’autres associations et journaux afin d’établir une liste des corps retrouvés morts en traversant la Méditerranée ou une fois arrivés en Europe. Elle a également lancé la campagne « The fatal policies of Fortress Europe« .

Dans un article qu’il a publié sur le blog VisionsCarto.net, le géographe et cartographe Philippe Rekacewicz a développé un langage visuel pour montrer, dans une même carte ou infographie, d’un côté les causes (conventions, traités et directives européens) et conséquences (augmentation des morts en Méditerranée) de la fermeture des frontières européennes.

Voici la première proposition de Philippe Rekacewicz:

Voir se fermer les portes de l’Europe. Philippe Rekacewicz, 2014. Source: http://visionscarto.net/mourir-aux-portes-de-l-europe

« Cette ‘frise’ met en regard deux éléments fondamentaux du monde migratoire. D’une part la longue «litanie» des traités, conventions et directives européennes qui ont, au cours des années, rendu la circulation des migrants de plus en plus difficile, et d’autre part, représenté ici en périodes équivalentes, le nombre connu des migrants qui sont morts en tentant de parvenir sur le territoire européen. Chaque année donc, de nouvelles restrictions, et chaque année, toujours plus de morts ». (Philippe Rekacewicz, « Mourir aux portes de l’Europe« , VisionsCarto.net, 28.04.2014)

Et la deuxième, une esquisse, qui propose une vision originale à la fois des frontières européennes et de la problématique migratoire:

Mourir aux portes de l'Europe. Rekacewicz, 2014. Source: http://visionscarto.net/mourir-aux-portes-de-l-europe
Mourir aux portes de l’Europe. Rekacewicz, 2014. Source: http://visionscarto.net/mourir-aux-portes-de-l-europe

Cette carte des « morts aux frontières de l’Europe » a été conçue par Olivier Clochard du réseau Migreurop au début des années 2000. Elle montre que la frontière européenne est en réalité composée de trois frontières:

Une pré-frontière européenne, celle des accords bilatéraux entre les Etats membres de l’Union européenne et les pays sahéliens, qui a pour but, d’une part, d’empêcher les départs et, de l’autre, de convaincre ces derniers a accepter les personnes déboutées ressortissantes de leurs pays.

La frontière méditerranéenne, la frontière la plus meurtrière au monde.

La post-frontière, celle qui, au moment où la carte a été conçue, se disséminait à l’intérieur du territoire européen sous forme de centres de détention administrative. Aujourd’hui, la détention administrative est un instrument de contrôle migratoire utilisé également par les pays d’origine et de transit des migrants.

Pour en savoir plus: Philippe Rekacewicz, « La Méditerranée, plus loin que l’horizon« , VisionsCarto.net, 06.05.2014.

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