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Préjugés

Afflux? Déplacés et réfugiés dans le monde

Des voies d’accès sûres et légales à une protection?

De nombreuses et nombreux réfugié·es, une fois sortis des camps, tentent de vivre dans les centres urbains du pays d’accueil. La proximité socio-culturelle, le manque de moyens et l’espoir de rentrer chez elles les motivent à s’installer, même de façon précaire, près de la frontière. Mais trouver un logement, un travail, scolariser les enfants est tributaire de la situation économique du pays d’accueil, des droits que celui-ci accorde aux réfugié·es, etc.  Seule une fraction des personnes déplacées trouve une solution pérenne à son exil. 

L'enjeu des enfants nés en exil +

Selon le rapport 2020 du HCR, entre 2018 et 2020, un million d’enfants étaient nés en situation de déplacement forcé, la plupart resterait en exil durant de longues années voire le reste de leur vie. Soutenir les pays d’accueil dans leur accès à l’éducation revêt une importance fondamentale. 

Lorsqu’un retour dans son pays ou sa région d’origine n’est pas envisageable ou que le pays d’accueil dans lequel on se trouve ne peut répondre à nos besoins élémentaires, dépassé par l’arrivée d’un grand nombre de personnes réfugiées qui poussent ses infrastructures à leurs limites, reste alors l’espoir de pouvoir se rendre dans un pays offrant de meilleures conditions de vie. Or, peu de voies légales existent à cet effet.

Réinstallation

Les programmes de réinstallation du HCR offrent aux personnes déplacées [SM3] la possibilité de trouver refuge dans un pays tiers qui s’engage à leur garantir une protection et une intégration durables. Or ces programmes sont tributaires de la volonté des États. Alors que les besoins augmentent, le nombre de personnes réinstallées dans le monde diminue. Le HCR appelle les États à davantage de solidarité.

Parmi les 79,5 millions de personnes déplacées dans le monde entre 2019, seul 0,5% a pu en bénéficier. La plupart sont accueillies aux Etats-Unis et au Canada. La Suisse a recommencé en 2013 à accueillir des contingents de réfugié·es réinstallé·es. Elle s’est engagée à en accueillir 800 maximum par an et concerne essentiellement des réfugié·es syrien·nes se trouvant au Liban ou en Jordanie. 

Visa humanitaire

Autre possibilité pour rejoindre la Suisse par voie légale : le visa humanitaire.

Le visa humanitaire représente souvent une solution de derniers recours pour tenter d’obtenir une protection internationale de manière légale et sûre

Croix-Rouge suisse

La demande doit être déposée auprès de la représentation suisse présente dans le pays d’origine et il peut être accordé « à titre individuel s’il est manifeste que la vie ou l’intégrité physique d’une personne sont directement, sérieusement et concrètement menacées. Si l’intéressé se trouve déjà dans un pays tiers, les autorités suisses partent du principe qu’il n’est plus menacé. » (Voir l’Ordonnance sur l’entrée et l’octroi de visas OEV du SEM, RS 142.204 et la Directive correspondante). 

Le visa humanitaire a été introduit suite à la suppression des demandes d’asile en ambassade adoptée en mesure urgente par le Parlement suisse en 2012 et acceptée en votation populaire en 2013. Mais ses conditions d’octroi sont extrêmement restrictives dans le but explicite de réduire le nombre de demandes d’asile déposées à l’étranger. 

La Croix-Rouge suisse, qui offre une assistance aux personnes dans les démarches d’obtention du visa humanitaire, il y a un net recul des visas octroyés par la Suisse. En 2019, seuls 172 visas humanitaires qui ont été accordés. 

Voir à ce propos :

Relocalisations

160000
places initialement prévues suite à la décision des Etats européens de mettre en place un système de relocalisation (en 2016 et 2017).
34689
personnes finalement relocalisées en Europe.
1500
relocalisations en Suisse.

Dans le contexte des grands flux migratoires de 2015 et suite à la décision des États européens de mettre en place un système de relocalisation (en 2016 et 2017), la Suisse a pris en charge 1500 personnes arrivées dans d’autres pays de l’Union Européenne (de Grèce et d’Italie). Elles ont été ajoutées aux données des nouvelles demandes d’asileLes États européens ont relocalisé 34’689 personnes depuis la Grèce et l’Italie dans le cadre du programme de relocalisation, au lieu des 160’000 places initialement promises. 

Programmes de relocalisation

Suite à la crise politique de 2015 autour de l’accueil des réfugié·es provenant majoritairement de Syrie et d’Afghanistan, l’Union européenne a cherché à établir un programme de relocalisation au sein des pays européens. L’échec a été cuisant, nombre de pays ont mis du temps à remplir leurs engagements. La Suisse a accueilli 1500 personnes dans ce cadre. 

Lire également

Le manque de solidarité entre États et l’absence d’une réponse commune est criant. Cela pousse les personnes qui fuient des zones de conflits à demeurer dans des conditions précaires et dangereuses ou à prendre la route, périlleuse et coûteuse, pour rejoindre l’Europe.  

Regroupement familial

Pouvoir vivre en famille? Rien de plus normal pour la plupart d’entre nous. Mais pour les familles séparées à la suite d’un conflit armé, d’un exil forcé ou d’une catastrophe, ce n’est souvent pas possible.

Regroupement familial en Suisse

En Suisse, si les personnes titulaires d’un permis B réfugié peuvent faire venir les membres de leur famille nucléaire (enfants mineurs) restée aux pays, les personnes admises à titre provisoire doivent attendre trois ans et remplir divers critères, notamment une intégration irréprochable et une indépendance financière avant de pouvoir déposer une demande de regroupement familial. Des mois, voire des années peuvent ensuite s’écouler. Le long délai d’attente représente un lourd fardeau pour les personnes concernées et entrave fortement leur intégration. Certaines ne reverront jamais leurs proches, la législation suisse étant restrictive en la matière. Le HCR et la Croix-Rouge suisse ont récemment lancé une campagne de sensibilisation. Voir également le rapport du CSDM Le regroupement familial des réfugiés en Suisse: Cadre légal et considérations d’ordre juridiques, CSDM/HCR, Octobre 2017.

Afflux? La déconstruction d’un mythe

Vu d’Europe, il n’y a donc pas lieu de parler d’afflux en termes d’accueil de personnes réfugié·es. C’est bien les régions et Etats proches des conflits qui prennent en charge la plus grande partie des personnes déplacées de force et qui en supportent les conséquences. Les pays du Nord, eux, font tout pour que cet état de fait perdure, en construisant des barricades et en restreignant toujours plus leurs voies d’accès sûres et légales à des personnes en détresse. Ils se rendent ainsi responsables des drames qu’engendrent leur attitude.